Sophie Tal Men publie, en 2024, aux éditions Albin Michel, Les Cœurs silencieux. L’ensemble du roman est marqué par des rancœurs familiales, des regrets et la difficulté de communiquer ses sentiments. Aussi le prologue commence-t-il par une citation de David Foenkinos, extraite des Souvenirs : « J’ai si souvent été en retard sur les mots que j’aurais voulu dire ».
Pedro est victime d’un AVC et perd quasiment la totalité de l’usage de la parole. Sarah, sa belle-fille, qui est infirmière dans l’hôpital où il est admis, va mener une quête sans merci pour retrouver la mère de ses deux premiers fils, Tiago et Tomás, Adeline, qu’il a abandonné vingt ans plus tôt, peu de temps après avoir refait sa vie avec Véronique, la mère de Sarah, de qui il est séparé mais ne souhaite pas revoir.
Adeline est propriétaire d’une ferme et, Tiago, l’un de ses fils, travaille avec elle. Il est trisomique. Adeline accepte rapidement d’aller visiter Pedro à l’hôpital avec Tiago. Quant à Tomás, il ne voit pas cela d’un bon œil. Lui est écrivain et traducteur et vit entre la France et le Portugal. Pour lui, Pedro a beau être son père, il les a abandonnés et ne veut plus rien avoir à faire avec lui.
Sarah part alors pour le Portugal dans l’espoir de le faire changer d’avis. Elle retourne à la maison familiale de Raposeira dont Pedro lui a donné les clés, et la remet en état. Elle est d’abord mal accueillie par Tomás qui est très perturbé de cette visite, d’autant que le jeune homme est en panne d’inspiration pour son nouveau roman. Mais comme lui dit son éditrice : « Parfois, il vaut mieux se perdre pour mieux se retrouver. »
L’épigraphe de la deuxième partie du roman est très éloquent sur la situation : « Ils se sont dit des tonnes de choses dans ce silence, mais ça ne valait pas quand même pas des mots. » (Alex, Pierre Lemaitre). En effet, tous ces coeurs sont brisés et personne ne parvient à communiquer hormis Sarah. Pedro est pétrifié de regrets et Tomás est rongé par la colère. Sarah va se livrer à une quête sans faille afin de tenter de convaincre Tomás de rentrer en France visiter son père. De là, émanent de nombreux souvenirs d’enfance et Sarah va tenter d’apprivoiser le fils au caractère indomptable.
L’épigraphe de l’épilogue résume très bien la difficulté à pardonner et à communiquer lorsque rancœurs et regrets sont au rendez-vous : « Nous nous aimions entre le mots et entre les lignes, dans les silences et les regards, dans les gestes les plus simples. » (Grégoire Delacourt, Les Quatre Saisons de l’été)
Avec Les Cœurs silencieux, l’autrice nous livre la difficulté de revenir sur des regrets, celle des rancœurs familiales et celle de la difficluté à communiquer, tout en emmenant le lecteur dans un voyage au Portugal.
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