En 2022, Julie Delporte publie son ouvrage, roman illustré
: Corps vivante, aux éditions pow pow. Ce livre est entièrement écrit
et illustré par l'autrice. Elle y explique son rapport au corps et à la
sexualité, et la découverte de son homosexualité à l'âge de 35
ans.
Elle commence son ouvrage ainsi, au dos de la première de couverture :
" Ce qui ne m'a pas tuée ne m'a pas rendue plus forte. Le temps n'a pas guéri toutes mes blessures. Mais je peux constater que, malgré tout, je suis encore vivante."
Sa pratique de la sexualité n'était pas forcément consentie : "Je pratiquais ma sexualité dans la peur de n'être aimée de personne. Elle était le prix à payer pour un peu de tendresse." L'autrice cite Monique Wittig : "Qu'avez-vous fait de notre désir ? Du désir en lui-même ? Un désir de pénis ? Un désir d'enfant ? Une caricature."
La narratrice explique qu'elle est devenue lesbienne à 35 ans, notamment après la lecture attentive de La Pensées straight. Elle écrit également : "Pour définir la manière dont j'ai persévéré dans la recherche d'un homme, je pese au titre du livre de Lauren Berlant : Cruel Optimism". Se pose aussi la question de la démocratisation de l'homosexualité : "Je suis devenue lesbienne l'année où Google a fait en sorte que son algorithme n'associe plus automatiquement notre nom à la pornographie".
Elle remet en cause les codes, les lieux communs de ce que doit être, en apparence, la féminité, la beauté féminine : "Ce que j'avais raté de la féminité n'avait plus d'importance. J'étais soudain libérée de mes obligations. Elle poursuit : "Toutes ces années, j'avais désespérrément essayé d'être belle alors que je l'étais déjà."
Elle raconte le consentement non-consenti lors de ses expériences avec les hommes : "Personne ne me forçait. Je me forçais.Ce n'est pas que je n'osais pas dire que je n'avais pas envie, c'est que je ne pouvais même pas me l'avouer. Il n'y avait pas de place pour l'ambivalence. Elle cite alors Peau de Dorothy Allison et en dit qu'elle "envie celles qui savaient qu'elles aimaient les femmes avant même de comprendre la sexualité."
Aujourd'hui, elle se trouve en phase de reconstruction : Je veux qu'on me laisse tranquille, qu'on arrête de vouloir réparer mon corps. Qu'on l'aime, qu'on en prenne soin, comme il est, parasité. Affecté." Ainsi refuse-t-elle toute pitié et veut-elle être accepté telle qu'elle est, avec ses blessures et son passé, les questions de son orientation sexuelle. La question qu'elle se pose alors est la suivante : "Comment faire pour que ce corps redevienne celui de l'enfant qui découvre le monde ?" Elle souhaiterait tant ne pas porter ce fardeau derrière elle. Mais elle avoue de pas encore être guérie de cette question du consentement non-consenti : "Quand cela m'arrive, j'oublie tous les autres jours. Ma non-libido n'est pas un état neutre, elle entraine directement la peur de devoir repousser, de ne pas réussir à repousser. Puis finalement d'être repoussée."
Avec Corps vivante, Julie Delporte livre un très bel ouvrage illustré par ses soins, avec des dessins de métaphore de sexe féminin, des dessins de tristesse, des dessins de dépersonnalisation et beaucoup de nature. Elle donne à voir le rapport au corps et les tabous sur la sexualité, l'impportance du consentement, et l'acceptation de l'homosexualité.