Sans pouvoir suivre […] la fortune du mythe de l’âme russe à travers les variations au sujet de Dostoïevski, remarquons-en la persistance […] chez Gide […], qui voit dans l’exigence de sincérité vis-à-vis de soi-même et de Dieu à la fois « une des particularités de l’âme russe », et « le secret de Dostoïevski1 ».
La Révolution russe, il l’imagine selon les topoï de la Révolution française, tels qu’ils apparaissent dans les romans. Daniel Moutote explique qu’ « en octobre 1933, Gide lance un appel en faveur de l’anniversaire de la Révolution d’Octobre », dans lequel « il place la Révolution russe dans la perspective de la Révolution française et élève la cause sur le plan de l’intérêt général2 ». Selon Norbert Dodille, « Gide tout enrobé de l’épaisseur de ses textes, de ce qu’il secrète de textes autour de lui, ne saurait, croit-on, toucher, ce qui s’appelle toucher, l’âpre texture du réel3. » Il poursuit en écrivant que « si Gide a été communiste, au fond, c’est simplement qu’il n’a pas eu l’idée d’inventer un personnage susceptible de s’engager à sa place4. ».
Gide ne pense pas que la théorie se distingue du réel. Pourtant, son voyage va lui faire rapidement comprendre que la littérature ne s’applique pas toujours à la réalité. Deux mois en U.R.S.S. suffisent à l’écrivain pour se détacher de cinq années d’engagement.
1.Michel Cadot,
« Naissance et développement d’un mythe ou l’Occident en
quête de l’âme slave », Revue des études slaves,
tome 49, 1973, p. 97.
2.Daniel Moutote,
« André Gide et la Révolution russe », Bulletin de
l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, 1989, p.
292.
3.Norbert Dodille,
« Gide ou la Révolution », Bulletin des Amis d’André
Gide, janvier 1991, n° 85, p. 101.
4.Id., p. 102.
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