mardi 7 janvier 2020

Sarah McCoy, Un goût de cannelle et d’espoir : le roman sensible de destins croisés au goût de biscuits de Noël


   
    Au rythme de la confection de Brötchen1 et de Lebkuchen2, le destin croisé de deux femmes s’étalent de décembre 1944, à Garmisch, en Allemagne, à décembre 2008, à El Paso, au Texas, au moyen d’analepses, de prolepses et d’insertion de correspondances.


    Reba Adams, originaire de Virginie et venue s’installer à El Paso pour un poste de journaliste au Sun City doit, en novembre 2007, rédiger un article sur « Noël à travers le monde, d’un point de vue local » . Elle fait alors la rencontre d’Elsie, 79 ans, propriétaire d’une boulangerie allemande, et de sa fille, Jane. Lors de leur première entrevue, Reba est loin d’obtenir ce qu’elle attend pour son article concernant Noël en Allemagne : « Les Allemands célèbrent Noël comme partout ailleurs. La veille de Noël, nous mangeons et buvons. Le jour même, nous recommençons. Je crois que c’est également ce que font les Américains et les Mexicains, non ? dit Elsie en fronçant les sourcils, provocante. »

    Garmisch, décembre 1944. À la Schimdt Bäckerei3, les affaires tournent à merveille malgré les restrictions. Les parents sont patriotes, la sœur aînée, Hazel, veuve du soldat nazi Peter Abend, s’est engagée comme volontaire au Lebensborn. Quant à Elsie, 16 ans, elle se rend pour la première fois à une soirée nazie avec son prétendant, l’officier Josef Hub, haut placé au sein de l’armée allemande. Lors de la soirée, l’officier Kremer tente d’abuser d’elle dans une ruelle. C’est là qu’un jeune garçon juif, Tobias, sorti de Dachau pour chanter le 24 décembre, la sauve des mains du SS. Peu de temps après, en cette veille de Noël, ce petit garçon échappé vient toquer à la porte de chez Elsie et va désormais changer la vie et la vision du monde de la jeune femme à tout jamais.

    Quant à Reba, elle vit une histoire d’amour tourmentée avec Riki, garde-frontière qui supporte de plus en plus mal, lui-même immigré de l’autre côté de la frontière américaine, la violence exercée envers les clandestins mexicains. Il souhaite épouser Reba : elle hésite. Elle commence, malgré elle, à se confier à ses interlocutrices qui deviennent ses amies, Elsie et Jane. De plus, ses correspondances avec sa sœur Deedee font écho à celles d’Hazel et de sa sœur pendant la guerre.

    Publié en 2012, Un Goût de cannelle et d’espoir4 est le premier roman de Sarah McCoy traduit en français. Par les récits entrelacés de tous les personnages (et ceux cités ci-dessus n’en constituent que le pilier), l’auteure donne au lecteur une belle leçon de vie. Les destins s’avèrent, au fil des pages, bien plus entremêlés qu’il n’y paraît. Une odeur omniprésente de Zimt5 y apporte le réconfort et l’espoir du changement, des belles rencontres, dans les bons comme dans les mauvais moments, en 1944 comme en 2008, en Allemagne comme au Texas. L’auteure livre d’ailleurs, en fin d’ouvrage, plusieurs recettes des pâtisseries allemandes évoquées tout au long du roman.




1 Petits pains blancs allemands.
2 Pains d’épices.
3 Boulangerie des Schmidt.
4 Titre oriiginal : The Baker’s Daughter.
5 Cannelle.

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